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Exposition Jules VERNE. SEPT/OCT 2007. Nuit Blanche
Musée Maison de Jules Verne, Amiens
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Bonjour, je me présente, je suis Laura Brunon, compositrice et j’ai eu le bonheur et aussi le défi de réaliser la bande son de la sculpture musicale d’Elodie Barthélémy. Cette bande son propose une ambiance sonore et musicale adaptée à l’idée visionnaire d’Elodie, car sa sculpture est une concept sonore qui ouvre sur la création d’un univers singulier. Ainsi c’est une machine à s’écouter. Idée géniale ! La machine est donc un instrument pour s’écouter. Tendre l’oreille, se plonger dans un état intérieur, s’écouter soi même. L’écoute est souvent au cœur de la connaissance, de l’éveil de soi.
Naturellement, la sculptrice Elodie Barthélémy, s’est inspirée des pavillons des premiers phonographes, formes splendides aux corolles déployées. Prolongement de l’oreille. On pense à une imitation bienveillante de la nature, celle des corolles de fleur, s’ouvrant largement et offrant leurs nectars… Dans la sculpture, c’est le son qui est offert, il émane du cœur du cornet et il est conduit par la forme. Voilà, au demeurant, une forme naturelle bien venue. Jules Verne, lui aussi dans ces livres, inventa des machines musicales et sans doute il aurait aimé cette compréhension de l’industrie que fait Elodie, proche de l’anatomie, des formes naturelles et d’un plaisir raffiné et joyeux. Si je me rappelle, dans le « Rayon vert », il y a l’immense harpe éolienne abritée dans une grotte et où les touches de verre sont activées par le vent, les vagues. L’écho formidable de ses sons rythmés par les éléments se répercute de parois en parois.
Quelle est la facture de l’instrument à s’écouter ? Elodie a réalisé son instrument en matériau dur, de l’acier, du fer, du cuivre, et aussi du plastique, du PVC qui jouent sur le timbre des sons. Certains comme le cuivre sont des conducteurs formidables du son, d’autres, tels l’acier ou le fer, résonnent comme des gongs. Des gongs qui propagent leurs vibrations dans l’air et à travers les corps. Ces matériaux ont la capacité de développer les graves et d’en extraire toutes les harmoniques. Le mystère de la musique… Jouer et optimiser la qualité acoustique des matériaux sera donc la première étape de ma création sonore afin de tisser des relations primaires entre timbres et émotions.
Comme dans l’Art Brut, mon propos et celui d’Elodie à travers ses machines, est le lien entre la nature apparemment inerte et l’être. Ces liens jouent des métamorphoses, des mimétismes, des fusions entre les aspirations de la matière structurée et celles des hommes. Le célèbre Nautilus ne prend- t-il pas la forme du poisson Narval ? Dans le « Tour du monde en 80 jours » Jules Verne invente un traîneau à voiles dont les haubans sont accordés en quinte et en octave, les premières harmoniques naturelles des sons et produisent ainsi une douce harmonie durant le voyage. Ces machines poursuivent un but où l’émerveillement, le rapport créatif et joyeux au monde, jouent un rôle primordial.
Je suis là, petit extrait de la bande sonore créée pour VOLUBILIS, la machine à s’écouter d’Elodie Barthélémy. Musée Jules Verne, Amiens